Une Bande de Clavecins

Freddy Eichelberger              
Pierre Gallon      Yoann Moulin               

Tout comme les violes, les flûtes et les tournebouts sont réunis en consorts, tout comme les violons et les hautbois se retrouvent en bandes, les clavecins et claviers de toutes sortes, tels que la Renaissance a su en créer, se rejoignent dans cette Bande de Clavecins. Virginal, Muselaar, Epinette à la quarte, Ottavino, Clavecin Luth, Clavicytherium, Claviorganum, Clavicorde, Régale, etc… L’imagination sans borne, géniale et cultivée des musiciens et facteurs d’instruments de cette époque nous livre un précieux héritage que nous souhaitons faire vivre et résonner dans son abondance de timbres et de couleurs.

Lire les inventaires des instruments que possédaient chaque Prince ou Duc italiens dans leurs Palais est un défi lancé à notre entendement. Quels sons, quelles musiques, quelles expériences ont-elles été faites dans ces riches laboratoires qu’étaient les demeures des grands de ce monde, où se trouvaient les plus grands peintres, poètes, mathématiciens, astronomes, sculpteurs, philosophes, compositeurs, instrumentistes et chanteurs de leurs temps.
Modestement, essayant de garder sans cesse à l’esprit la liberté et la licence que s’accordaient ces artistes que nous admirons, nous proposons de recréer une partie, peut-être infime, de cette magie du son, de cette foisonnante extravagance par un répertoire qui traverse toute l’Europe.

bande-de-clavecins

Enfin, il n’est pas possible de rassembler trois clavecinistes sans qu’ils n’improvisent! Et une fois encore, la Renaissance nous laisse en la matière de nombreux trésors. Passamezzo, Romanesca, Follia, Passacaglia, Ciaccona sont de précieux canevas propices à l’improvisation tout comme le sont les Grounds anglais ou bien les chansons célèbres de l’époque telle « Une jeune fillette ». C’est cet inlassable dialogue des instruments, c’est ce jeu des écoutes et des réponses, cette émulation entre trois musiciens, Freddy Eichelberger, Pierre Gallon et Yoann Moulin, que nous souhaitons partager avec vous.

Freddy Eichelberger

Si Freddy Eichelberger n’avait pas à ce point aimé les expériences musicales tous azimuts, il serait sûrement reparti vivre sous les tropiques où il a passé une partie de son enfance, marqué à jamais par les flamboyants en fleur, la saveur du piment, et l’odeur de la terre gorgée de pluie tiède par les nuits de pleine lune. Cela dit, depuis qu’il s’est installé à Marseille il ne regrette plus rien…

Aprés une solide formation d’organiste puis de claveciniste et continuiste, la pratique assidue de l’improvisation l’a amené à avoir la chance de rencontrer des musiciens de diverses origines, comme la grande chanteuse indienne Kishori Amonkar ou le serpentiste Michel Godard. Il s’est aussi beaucoup engagé dans le théatre musical avec l’ensemble « les Witches », ou la renommée chanteuse-actrice-metteur en scène Sophie Boulin à la Péniche Opéra. Il joue également depuis de longues et belles années avec la violoniste Odile Edouard, en duo ou dans l’ensemble « Sine Titulo ».

Il enseigne régulièrement dans différents stages ou master-classes, et a pu réaliser en solo ou en bonne compagnie une bonne quarantaine de CD, sur toutes sortes de claviers et même au cistre, un instrument qu’il affectionne particulièrement. Il veille par ailleurs sur l’organisation de l’intégrale en cours des cantates de J.S.Bach en concert au temple du Foyer de l’Ame à Paris.

Pierre Gallon

Pierre Gallon grandit dans un foyer débordant d’instruments en tous genres, un terrain de jeu sans limites. À dix ans, le clavecin s’impose à lui comme le moyen d’expression le plus évident. Bibiane Lapointe et Thierry Maeder le conduisent aux portes du Conservatoire National Supérieur de Musique  de Paris et de ses classes de musique ancienne, conduites par Olivier Baumont et Blandine Rannou. Il en sort en 2010 avec deux premier prix et les plus hautes distinctions. Durant ses années d’études, ses rencontres avec Blandine Verlet, Elisabeth Joyé et Pierre Hantaï sont autant d’épiphanies esthétiques qui modèlent profondément son approche de l’instrument.

Pour Pierre Gallon, la musique est d’abord une aventure collective : celle qui le mène aujourd’hui encore à s’investir au sein d’ensembles de renom tels que Pygmalion (Raphaël Pichon), Le Poème Harmonique (Vincent Dumestre), Correspondances (Sébastien Daucé), Les Musiciens de Saint Julien (François Lazarevitch) ou encore le Caravansérail (Bertrand Cuiller).

Mais cette aventure emprunte d’autres chemins tout aussi captivants lorsque Pierre explore l’immense répertoire soliste du clavecin depuis la Renaissance jusqu’à nos jours.

En 2014, son premier enregistrement solo consacré à Pierre Attaingnant fait l’unanimité auprès de la critique. Pierre est invité à jouer en récital par de nombreux festivals tels que La Roque d’Anthéron, l’Académie Bach d’Arques-la-Bataille, la Folle Journée de Nantes, le festival de l’Abbaye de l’Epau, le festival Poznan Baroque, le Venetian Centre for Baroque Music ou encore l’abbaye de Royaumont, où il vient d’enregistrer un deuxième disque célébrant cette fois la musique de Joseph Haydn.

Pierre aime également multiplier les expériences avec ses amis claviéristes et se produit ainsi à deux clavecins avec Bertrand Cuiller ou en « bande de clavecins » avec Yoann Moulin et Freddy Eichelberger.

pierregallon.fr

Programme

À Venise, Giovanni Gabrieli est Maître de chapelle et organiste à la basilique St Marc, célèbre pour ses deux orgues qui se font face dans le choeur. Luigi Mazzi, quant à lui, a composé nombre de pièces spécialement pour plusieurs claviers. Rue de la Harpe à Paris, Pierre Attaignant éditeur de musique avec privilège du Roi, a publié plusieurs recueils de chansons des grands polyphonistes français comme Josquin Desprès, Clément Janequin, Claudin de Sermisy, réduites pour les claviers. Le Banchetto Musicale de Johann Hermann Schein, Thomaskantor à Leipzig un siècle avant Johann Sebastian Bach, est un magnifique recueil de suites de danses, composé de Pavannes, Gaillardes et Allemandes, écrites pour consort. For two to play est le nom de ces pièces à plusieurs claviers des virginalistes élisabéthains Giles Farnaby, Thomas Tomkins et Nicolas Carlston.

Giovanni Gabrieli
– Canzon

Scipione Stella
– Partite sopra la Romanesca

Luigi Mazzi
– Canzon prima a otto

Improvisation sur un Passamezzo

Pierre Attaignant
– Bransles

Improvisation sur « Une jeune Fillette »

Johann Hermann Schein
– Suite de danses

Improvisation upon Ground

Giles Farnaby
– Alman

Thomas Tomkins
– A Fancy

Nicolas Carlston
– A Verse for two to play on one virginal